SAINT THOMAS MORE
1478-1534
proclamé
Patron des responsables de gouvernements et des hommes politiques,
le 31 octobre 2000
Thomas More a connu une carrière politique
extraordinaire dans son pays.
Né
à Londres en 1478 dans une famille respectable, il fut placé dès sa jeunesse au
service de l’Archevêque de Cantorbéry, John Morton, Chancelier du Royaume. Il
étudia ensuite le droit à Oxford et à Londres, élargissant ses centres
d’intérêts à de vastes secteurs de la culture, de la théologie et de la
littérature classique. Il apprit à fond le grec et il établit des rapports
d’échanges et d’amitié avec d’importants protagonistes de la culture de la
Renaissance, notamment Didier Érasme de Rotterdam.
Sa sensibilité religieuse le conduisit à rechercher
la vie vertueuse à travers une pratique ascétique assidue: il cultiva l’amitié
avec les Frères mineurs de la stricte observance du couvent de Greenwich, et
pendant un certain temps il logea à la Chartreuse de Londres, deux des
principaux centres de ferveur religieuse dans le Royaume. Se sentant appelé au
mariage, à la vie familiale et à l’engagement laïc, il épousa en 1505 Jane
Colt, dont il eut quatre enfants. Jane mourut en 1511 et Thomas épousa en
secondes noces Alice Middleton, qui était veuve et avait une fille. Durant
toute sa vie, il fut un mari et un père affectueux et fidèle, veillant avec
soin à l’éducation religieuse, morale et intellectuelle de ses enfants. Dans sa
maison, il accueillait ses gendres, ses belles-filles et ses petits-enfants, et
sa porte était ouverte à beaucoup de jeunes amis à la recherche de la vérité ou
de leur vocation. D’autre part, la vie familiale faisait une large place à la
prière commune et à la lectio divina, comme aussi à de saines formes de
récréation. Thomas participait chaque jour à la messe dans l’église
paroissiale, mais les pénitences austères auxquelles il se livrait n’étaient
connues que de ses proches les plus intimes.
En 1504, sous le roi Henri VII, il accéda pour la
première fois au parlement. Henri VIII renouvela son mandat en 1510 et il
l’établit également représentant de la Couronne dans la capitale, lui ouvrant
une carrière remarquable dans l’administration publique. Dans la décennie qui
suivit, le roi l’envoya à diverses reprises, pour des missions diplomatiques et
commerciales, dans les Flandres et dans le territoire de la France actuelle.
Nommé membre du Conseil de la Couronne, juge président d’un tribunal important,
vice-trésorier et chevalier, il devint en 1523 porte-parole, c’est-à-dire
président, de la Chambre des Communes.
Universellement estimé pour son indéfectible
intégrité morale, pour la finesse de son intelligence, pour son caractère
ouvert et enjoué, pour son érudition extraordinaire, en 1529, à une époque de
crise politique et économique dans le pays, il fut nommé par le roi Chancelier
du Royaume. Premier laïc à occuper cette charge, Thomas fit face à une période
extrêmement difficile, s’efforçant de servir le roi et le pays. Fidèle à ses
principes, il s’employa à promouvoir la justice et à endiguer l’influence
délétère de ceux qui poursuivaient leur propre intérêt au détriment des plus
faibles. En 1532, ne voulant pas donner son appui au projet d’Henri VIII qui
voulait prendre le contrôle de l’Église en Angleterre, il présenta sa
démission. Il se retira de la vie publique, acceptant de supporter avec sa
famille la pauvreté et l’abandon de beaucoup de personnes qui, dans l’épreuve,
se révélèrent de faux amis.
Constatant la fermeté inébranlable avec laquelle il
refusait tout compromis avec sa conscience, le roi le fit emprisonner en 1534
dans la Tour de Londres, où il fut soumis à diverses formes de pression
psychologique. Thomas More ne se laissa pas impressionner et refusa de prêter
le serment qu’on lui demandait parce qu’il comportait l’acceptation d’une
plate-forme politique et ecclésiastique qui préparait le terrain à un
despotisme sans contrôle. Au cours du procès intenté contre lui, il prononça
une apologie passionnée de ses convictions sur l’indissolubilité du mariage, le
respect du patrimoine juridique inspiré par les valeurs chrétiennes, la liberté
de l’Église face à l’État. Condamné par le Tribunal, il fut décapité.
Au cours des siècles qui suivirent, la
discrimination à l’égard de l’Église s’atténua. En 1850, la hiérarchie
catholique fut rétablie en Angleterre. Il fut alors possible d’engager les
causes de canonisation de nombreux martyrs. Thomas More fut béatifié par le
Pape Léon XIII en 1886, en même temps que cinquante-trois autres martyrs, dont
l’évêque John Fischer. Avec ce dernier, il fut canonisé par Pie XI en 1935, à
l’occasion du quatrième centenaire de son martyre.