L’amitié
Ainsi
donc, il était pour moi comme une main, un œil, un bâton de vieillesse,
un lieu
de repos pour mon esprit, un précieux soulagement dans les tourments.
Quand
j'étais épuisé par les travaux, il m'accueillait dans le giron de son amour;
quand
j'étais écrasé par la tristesse et le découragement, il refaisait mes forces
par ses avis.
Quand
j'étais agité, il me pacifiait;
quand
j'étais irrité, il me calmait.
Si un
événement plutôt fâcheux se présentait, je recourais à lui :
ainsi
attelés l'un à l'autre, nous supportions aisément ce que je n'aurais pas su
porter seul.
Dites-moi, n'est-ce pas
avoir déjà part à la béatitude que de s'aimer et de s'entraider ainsi,
de s'appuyer sur la douce
charité fraternelle
pour voler jusqu'aux
étincelantes régions de la divine dilection,
et, par l'échelle de la
charité,
tantôt de monter vers
l'étreinte du Christ,
tantôt de descendre vers
l'amour du prochain pour y trouver un délicieux repos ?
Si dans cette amitié qui fut
la nôtre et que j'ai mentionnée à titre d'exemple,
vous remarquez un point à
imiter,
faites-en votre profit.
« L’amitié
spirituelle » Aelred de Rielvaux